Halte GurgyHalte Gurgy
©Halte Gurgy
Gurgy

Gurgy

Nichée au bord de l’Yonne, à seulement quelques kilomètres d’Auxerre, Gurgy est une charmante commune qui séduit par son cadre naturel paisible, ses berges aménagées et son authenticité villageoise. Idéalement située, elle offre un équilibre parfait entre nature, patrimoine et convivialité, invitant à la flânerie comme à la découverte.

La commune de Gurgy se situe sur un territoire fertile bordé par la rivière, ce qui justifie que la vie soit arrivée très tôt sur ce territoire sableux. Le vocable de la commune est notifié dès l’époque Gallo-Romaine, sous la forme de « Gurgiacus ». La colonisation des tribus Germaniques dont les Burgondes va faire basculer la population dans la foi chrétienne et les écrits du XIIe siècle nomme la commune sous le vocable de « Gurgi ».

Les premières traces de populations implantées sur la commune, datent du Néolithique entre 6000-2200 av. J.-C. Des fouilles  archéologiques exceptionnelles menées sur Gurgy, ont révélé plusieurs sites néolithiques de très grande importance ; dont l’une des plus importantes nécropoles du Néolithique français datant entre -5 000 av J.C et -4 200 av J.C.

Les fouilles archéologiques à Gurgy

L’histoire de Gurgy est archéologiquement très riche. Plus de 40 hectares du sous-sol marécageux de Gurgy ont été exploités en carrières et ont permis dès 1960, la mise en place de plus de 17 chantiers de fouilles archéologiques. Les archéologues ont rapidement prouvé que Gurgy était un site d’exception très bien conservé, avec des traces archéologiques de vie du Néolithique, des âges Celtiques et de la période Gallo-Romaine. Concernant la période Néolithique, les archéologues ont mis à jour en tout 128 sépultures de 2004 jusqu’en 2007.

Au lieu-dit de « La Picardie », une autre nécropole a été découverte sur une surface de près d’1 hectare. Les structures funéraires et les sépultures s’y sont succédées depuis la fin du IXe av J.C jusqu’à la période Romaine. La durée d’occupation exceptionnelle de cette nécropole, a été de plus de huit siècles sans interruption.

Au lieu-dit du « Nouzeau », un hameau baptisé « La Ferme de Néron » a révélé aux archéologues de nombreuses traces de bâtiments médiévaux du IXe. Parmi le mobilier mis au jour, ils ont retrouvé des restes d’ossements d’animaux témoignant d’une grande activité d’élevage et d’agriculture sur Gurgy. Au VIIIe siècle le domaine agricole de la Ferme de Néron est donné aux moines de l’abbaye Saint-Germain par l’évêque d’Auxerre.

Les fouilles aux « Noisats »

Les campagnes de fouilles menées sur place, ont permis en autre de mettre à jour une nécropole vieille de plus de 6.700 ans, sur le lieu-dit des « Noisats ». D’une surface d’environ 600 m², la nécropole a été utilisée de 5000 à 4200 av. J.-C. Au total sur le site, les archéologues ont mis à jour 126 sépultures, dont certaines tombes néolithiques qui présentaient des formes inconnues jusqu’alors dans le Bassin Parisien.

Les fouilles archéologiques des années 2000, ont été accompagnées de prélèvements d’ADN sur les ossements retrouvés. La grande quantité de données collectées, inédite à l’échelle internationale pour la préhistoire, a permis de donner un visage à tous les membres d’un groupe inhumé dans la nécropole des « Noisats ».

Grâce à un ADN très bien conservé, les chercheurs ont réussi à reconstituer le plus grand arbre généalogique de la préhistoire, datant de 6700 ans avant notre ère. En effet les analyses génomiques de 94 individus ont permis de reconstituer deux arbres généalogiques. Le premier se compose de 64 individus sur 7 générations. Le second relie 12 individus sur 5 générations.

L’église Saint-André

La fondation originelle de l’église de Saint André à Gurgy, remonterai au IXe avec des traces dans les archives datant de 902. L’église Saint-André passe rapidement sous la protection de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre et la paroisse de Gurgy, bénéficiera alors de plus de financement et d’attention.

En 1206, l’évêque d’Auxerre Guillaume de Seignelay décide de faire rénover les églises paroissiales du diocèse auxerrois. L’évêque commande un nouveau chœur absidal pour l’église et rédige un acte de patronage  qui donne aux chanoines la régence des douze églises de son diocèse dont celle de Gurgy. Plus tard, en pleine guerre de religion en septembre 1568, le village de Gurgy est pillé par les Huguenots. Acculés par les forces catholiques, les protestants se refugient dans l’église et la fortifient pour la transformer en place forte.

L’église est composée d’une nef unique comme beaucoup d’églises de l’époque, voûtée sous charpente en lambris de bois avec une hauteur de 5,5m. La nef est pourvue à son extrémité d’une tribune également charpentée, meublée de deux rangées de bancs et d’une abside à trois pans, éclairés par des lancettes en arc brisé. Le chœur est voûté d’ogives et possède de belles colonnes à chapiteaux à feuillages.

Saint-André

Saint André, est très important en Bourgogne car c’est le Saint Patron de la région. André l’apôtre supplicié sur une croix en forme de X est choisi par Philippe Le Bon ‘Duc de Bourgogne comme Saint Patron en 1430 lorsqu’il créé l’ordre de chevalerie de la Toison d’or. Le Duc de Bourgogne place ainsi le territoire bourguignon sous le double patronage de la Vierge et de saint André. L’explication serait que saint André a évangélisé la Scythie territoire d’où sont originaires les Burgondes. Cette décision politique de placer la Bourgogne sous ce patronat va se retrouver dans le vocable de nombreuses églises paroissiales Bourguignonnes.

Les gravières

Les berges sableuses de l’Yonne à Gurgy, ont souvent été choisies comme lieux d’implantation d’habitat ou de nécropoles dès le Néolithique. La nature du sol va être exploitée rapidement en carrières de gravier, industrialisées dès 1960. Le sable et les graviers extraits sont notamment utilisés dans la construction et la voirie. L’extraction des granulats se faisait en creusant progressivement, jusqu’à atteindre le niveau de la nappe phréatique. Les carrières se remplissaient alors d’eau et se transformaient en étangs.

Les étangs de Gurgy sont des zones humides très précieuses pour l’écosystème et la biodiversité et sont constituées de zones d’habitat, d’alimentation et de reproduction. De nombreuses populations animales et végétales sont connectés à ce milieu humide et les étangs constituent une zone de halte privilégiée pour les migrations.

Gurgy et la rivière Yonne

Gurgy possède un riche patrimoine fluvial, baigné par l’Yonne, rivière qui tire son nom de la déesse Icauna.

Dès le XVIIIe, Gurgy voit passer de nombreux trains de bois en direction de Paris. Le bois arrivait du Morvan par l’Yonne et était ensuite transformé en radeau de bois sur les quais d’Auxerre. Ces radeaux étaient nommés trains de bois et mesuraient 72 m de long pour 4,5 m de large. Contenant environ 200 stères de bois chacun, les trains étaient guidés par deux personnes nommées flotteurs.

Le ru de Sinotte et la rivière Yonne se rencontrent à Gurgy, provoquant le besoin de réguler le cours de la rivière afin de faciliter la navigation . Un des pertuis (sorte d’écluse) permettant le flottage de bois est crée à Gurgy. L’eau y était retenue pour être libérée à des jours précis, entrainant alors avec elle les bateaux et les trains de bois naviguant sur l’Yonne.

Les progrès techniques de la fin du 19e siècle ont permis de construire un canal de dérivation, conçu par l’ingénieur Cambuzat entre 1868 et 1874. Des habitants de la commune sont même mobilisés pour le creuser. Long de près de 4,8 km, ce canal navigable commence à Gurgy et se jette dans l’Yonne au niveau de la commune de Chemilly- sur-Yonne. En plus de réguler le niveau de l’eau, il facilite la navigation moderne en évitant aux bateaux d’emprunter les 9 km de méandres de l’Yonne. La construction d’un barrage sur le ru de Sinotte en 1992 est venue renforcer les installations antérieures.

 

L’échelle à poissons

Avec le flottage de bois, Gurgy est également un passage fluvial réputé autrefois pour la remontée des saumons. Historiquement, la Seine était un fleuve colonisé par une abondante population de saumons, constituée de gros spécimens dont le poids moyen était de 10 kg. La période de migration s’étendait de décembre à juin. Les zones de reproduction les plus importantes étaient localisées dans le bassin de l’Yonne. Au cours du 19e siècle, l’aménagement de cette rivière avec notamment la réalisation du barrage de Gurgy, le plus élevé de l’Yonne, améliore certes la navigation mais a des conséquences désastreuses pour les poissons. Le barrage empêche la migration des poissons, notamment le saumon, qui ne peuvent plus remonter la rivière pour frayer dans les eaux de la Cure.

En 1865, une loi impose en France la construction d’échelles à poissons sur certains ouvrages, afin de favoriser la libre circulation des « espèces voyageuses ». Ces étroits bassins à étages permettaient en particulier au saumon de rejoindre son lieu de ponte à l’époque du frai (ponte des œufs), depuis la mer ou l’océan. En 1885, la Commission d’enquête se montre favorable au projet de construction d’une échelle à poissons sur le barrage de Gurgy dès l’année suivante. Cependant, la présence du saumon n’a cessé de décliner dans l’Yonne, sans doute à cause des différents aménagements et de l’augmentation de la pollution. De mémoire de pêcheurs, les derniers saumons de l’Yonne remontent aux années 1940…