Escolives Sainte Camille
©BIVB
Escolives-Sainte-Camille

Escolives-Sainte-Camille

Escolives-Sainte-Camille est situé sur un emplacement très stratégique : entouré de plaines fertiles, de sources nombreuses et placé sur le trajet de la Via Agrippa. La construction du Canal du Nivernais accentuera son rôle d’étape commerciale.

De l’origine du nom aux templiers

Le nom de la commune vient du latin Scoliva, qui désignait l’établissement thermal Gallo-Romain présent sur les terres du village du 1er au Ve siècle de notre ère. En 596, l’évêque Saint Aunaire d’Auxerre fait inclure le nom d’Ecolives dans les trente principales paroisses du diocèse auxerrois. Il faut attendre le XXe siècle, pour que le nom du village évolue en Escolives-Sainte-Camille. En effet, en décembre 1958 le nom de la commune est modifié, pour rendre hommage à Sainte Camille, porteuse du brancard de saint Germain, morte à Escolives en 448 sur le chemin d’Auxerre depuis Ravenne.

A l’aube du XIe siècle, la seigneurie d’Escolives est tenue par les comtes d’Auxerre et de Nevers puis de Joigny. Les terres sont agricoles, viticoles et fournissent un très bon rendement. Dès le XIIe les Templiers vont s’y installer à leur tour et créer une puissante commanderie, baptisée Commanderie du Saulce (création vers 1130 et récupérée par les Maltais en 1308). C’est d’Escolives que les Templiers régneront sur toutes les maisons de l’ordre présentes en terres auxerroises : Auxerre, Vallan, Champs, Monéteau, Saint-Bris… Les moines soldats auront d’importants revenus reliés à la fertilité des terres et à la facilité du transport routier et fluvial. Ce seront des propriétaires terriens influents possédant des terres céréalières, le contrôle des moulins hydrauliques et bien sur des vignes et des celliers un peu partout en terres Auxerroises.

Sainte Camille

Au VIe siècle, la paroisse d’Ecolives est importante, en partie grâce à la popularité de son église abritant les reliques de sainte Camille. En effet, des pèlerinages s’y font régulièrement au Moyen Age car le tombeau de Sainte Camille est classé comme sanctuaire chrétien originel. Camille est morte sur l’emplacement du village au Ve siècle.

Elle faisait partie des cinq jeunes filles qui ont suivi le corps de saint Germain depuis Ravenne jusqu’à Auxerre en 448. Les noms des cinq femmes mortes en route se retrouvent dans les patronymes des villages où la mort les frappa: Pallade, Magnance, Camille, Procaire et Maxime.

Le bâtiment originel de l’église d’Escolives, date du Ve siècle et était un oratoire dédié à sainte Camille. Cet oratoire est mentionné par les évêques d’Auxerre dès le début du VIe siècle. Au XIIe siècle sous l’épiscopat de l’évêque Alain d’Auxerre, l’oratoire est transformé en église de style roman. Cette église prend alors le vocable des deux apôtres Saint Pierre et Saint Paul particulièrement célébrés dans la liturgie médiévale. L’église Saint Pierre et Saint Paul reste directement associée au souvenir de Sainte Camille. Malheureusement les protestants brûlèrent les saintes reliques de Camille en 1567 et détruisirent le tombeau. Fin XVIe est alors érigé une nouvelle crypte à deux niveaux, pour abriter le reste des reliques et les dépouilles des seigneurs locaux de Bellombre.

L’église Saint-Pierre et Saint-Paul

L’église possède un plan très classique du XIIe siècle. Le plan est composé d’une nef unique précédée d’un porche occidental et terminée par un chœur en hémicycle. La nef est à travée unique et possède six baies romanes. Les travées du chœur de l’église sont voûtées en arrêtes. Le chœur se prolonge à l’Est par une abside en cul-de-four. La sculpture présente dans l’église est minimaliste se réduisant pour l’essentiel aux chapiteaux végétalisés présent dans la nef.

La petite église romane d’Escolives est célèbre pour plusieurs points : sa crypte, son narthex et son très beau clocher octogonal en briques rouges. Le clocher de l’église s’élève au-dessus de la dernière travée de la nef. Jusqu’en 1929 la flèche était en tavaillons de chêne. Le clocher fût foudroyé en 1930 puis reconstruit en 1935 en briques rouges venant de l’argile locale. Cette flèche du XXe à huit pans est couverte de briques en argile et coiffe un clocher octogonal unique en son genre. Des travaux de stabilisation et de consolidation de la flèche ont démarré au printemps 2024 et se sont achevés en Avril 2025. Le vaste chantier de rénovation comprenait une réfection totale du beffroi et une installation d’abat-sons.

L’accès à la nef unique de l’église d’Escolives se fait par un magnifique porche roman ajouré sous charpente, datant du XIIe. Ce porche nommé aussi Narthex, est surmonté d’une rose quadrilobée présentant une sculpture de l’Agneau Pascal en bas-relief. De chaque côté du portail sont également sculptés sur deux corbeaux de pierre, un Atlante et un Griffon. Le porche-narthex de l’église Saint Pierre et Saint Paul d’Escolives est l’un des plus beaux de la région. Ce type de porche en pierre calcaire est typique de l’époque romane Bourguignonne.

 

La crypte

Sous le chœur de l’église se cache un autre trésor architectural rendant unique cette petite église Bourguignonne. Dans la nef juste avant le chœur un petit escalier caché descend dans une somptueuse crypte romane à deux niveaux. Cette double crypte avait une double fonction à l’origine de sa construction : elle devait en premier lieu compenser la pente du terrain trop forte à cet endroit et elle accueillait le tombeau de Sainte Camille. Le niveau supérieur de la crypte romane est une chapelle à trois nefs de trois travées chacune. Les chapiteaux à crochets sont de style roman de transition. L’espace carré de ce niveau de crypte est voûté d’arrêtes sur arc doubleaux en plein cintre. La voute de la crypte est posée sur quatre colonnes centrales assez massives. Cet espace sacré abritait dès le Ve le reliquaire de Sainte Camille. Le niveau inférieur de la crypte est scellé aujourd’hui. C’est un caveau privé seigneuriale du XVIe, construit pour abriter les sarcophages des seigneurs du château de Bellombre. La famille de Chastellux possède des tombeaux dans la crypte dès 1656. La famille des Chaponnel s’en servit dès 1670. La famille d’Annoux est la dernière famille seigneuriale actuels propriétaire du château de Bellombre. Les seigneurs d’Annoux furent inhumés dans la crypte dès 1870.

Le site archéologique d’Escolives Sainte-Camille

Escolives se tient sur un plateau calcaire regorgeant de sources souterraines dont celle « du Creusot » qui porte des traces de vie Néolithique dès 4500 avant notre ère. Des traces de fermes Celtes et d’occupation agricole Gauloise, existent autour de l’emplacement de la Villa Scoliva. La terre et le sous-sol sont très fertiles dans la vallée de l’Yonne.

La grande découverte du site archéologique de la Villa Scoliva, ne fut actée qu’en 1955. Les sociétés d’archéologies du XIXe soupçonnaient l’existence de fermes romaines le long de la via Agrippa au niveau d’Escolives. Aucun chantier de fouilles n’ont été entrepris sur le lieu actuel avant le XXe siècle. En 1955 lors de l’arrachage d’un noyer dans un champ au lieu-dit du Grippe Soleil, un fermier fit la découverte dans les racines de l’arbre de sarcophages funéraires Mérovingiens des VIe et VIIIe siècles. Un professeur Auxerrois de Lettres Antiques et archéologue, Raymond Kapps, est alors sollicité pour authentifier les pierres sculptées. Kapps est au début assisté par le préhistorien André Leroi-Gourhan célèbre pour avoir fouillé les grottes d’Arcy-sur-Cure. Ensemble Raymond et André déterrent et datent les sarcophages d’Escolives. En exhumant les stèles, ils vont découvrir que les sarcophages étaient installés sur des ruines plus anciennes datant de l’époque Gallo-Romaine. Leur successeur en 1979 Daniel Prost, va alors officiellement fouiller le site de la Villa Scoliva et le dater entre le Ier et le IVe siècle.

Les Villae

La romanisation de la Gaule passa par la création de nombreuses propriétés agricoles nommées Villae, dirigées par de riches familles. La villa Scoliva était une Domus occupée durant toute la période gallo-romaine entre la fin du Ier siècle avant J.C et la fin du Ve siècle après J.C. Les thermes romains de la villa sont apparus dès le Ier siècle de notre ère. Le complexe s’agrandit au fil des siècles, devenant une très importante villa agricole romaine avec ses thermes et ses dépendances.

Le site n’a pas encore été fouillé sur toute sa surface. Aujourd’hui nous savons qu’il était composé de résidences connectées à une source et d’un sanctuaire sacré. Il y avait aussi le complexe thermal ainsi que plusieurs bâtiments agricoles. Le tout était structuré par des allées et des cours intérieures qui composaient un petit village autonome. La superficie du site atteignait 4000m2.

Le site se visite d’avril à octobre, réservez vite votre visite!

La vigne à Escolives

La vigne est arrivée dans l’Auxerrois avec les Romains, mais était déjà présente sous forme de plante grimpante à l’époque des Celtes. Durant la période médiévale, les abbayes des environs (Pontigny, St Germain) et l’évêché d’Auxerre, vont récupérer le monopole du vin. Les Cisterciens de Pontigny vont s’établirent à Chablis, tandis que les Bénédictins d’Auxerre vont traiter avec les seigneuries viticoles de Coulanges, Escolives et Saint Bris. Les Templiers et les Maltais viendront compléter le tableau des seigneurs viticoles, dès le XIIe.

Escolives a toujours été lié à la seigneurie viticole de Coulages-la-Vineuse et a produit du vin en quantité au Moyen Age et durant la Renaissance. La tradition viticole d’Escolives est maintenu aujourd’hui au petit château d’Escolives, ferme viticole anciennement fortifiée du XVIIe. Le domaine Borgnat possède 18 hectares et produit l’appellation Coulanges en majorité en Pinot Noir, mais les deux autres couleurs sont également cultivées.

L’ancien bâtisse du XVIIème siècle abrite des grandes caves voûtées souterraines exceptionnelles, de 700 mètres carrés. Les caves sont disposées en forme de U et courent sur 35 mètres de long et 4m de haut. Les 2 niveaux de caves vont du XIIe au XVIIe et arborent un réseau souterrains magnifiques.

Le musée Pierre Merlier

Le Musée Pierre Merlier, installé dans l’ancien Moulin du Saulce à Escolives‑Sainte‑Camille, vous invite à découvrir l’univers singulier de l’artiste bourguignon (1931‑2017) à travers plus de 300 sculptures en bois – chêne, tilleul, orme, cerisier… Chaque œuvre, aux formes parfois décalées, mêle ironie, poésie et une inventivité expressive très marquée, où les racines deviennent têtes et les troncs prennent vie. La mise en scène théâtrale de cet ensemble, au bord du Canal du Nivernais, crée une expérience immersive et émotive, où le regard est à la fois amusé et touché. Depuis 2023, une artothèque a également ouvert ses portes : vous pouvez emprunter une œuvre pour l’admirer chez vous, avant de la restituer – une manière ludique de prolonger la visite chez soi.