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©Carte De Cassini
Escamps

Escamps

Nichée dans un écrin de verdure à une vingtaine de kilomètres au sud d’Auxerre, la commune d’Escamps séduit par son authenticité et son atmosphère paisible. Entouré de champs, de forêts et de paysages vallonnés typiques du pays d’Othe, ce petit village bourguignon est un havre pour les amoureux de nature, de patrimoine rural et de tranquillité. Entre son église pittoresque, son château, ses anciennes fermes en pierre et ses chemins de randonnée, Escamps invite à la découverte d’un terroir discret mais attachant, où le temps semble suspendu.

Les origines d’Escamps

La commune d’Escamps se situe sur un sous-sol très riche en sables et argiles panachés aux teintes variées. Ces deux matériaux furent longtemps très recherchés pour entre autres, la fabrication de tuiles et de poteries. Le bourg est situé dans une vallée fertile sur la rive droite du Ru de Baulche, qui faisait tourner plusieurs moulins. Toutes ces richesses agricoles faisaient d’Escamps une paroisse agricole et artisanale, prospère et importante.

Durant la période médiévale, Escampas est lié directement à Auxerre et en particulier à la puissante Abbaye Saint-Germain d’Auxerre, qui possédait l’église du village et assure sa protection. Au XIIe siècle, l’abbé Jean de Joceval fit creuser de larges fossés défensifs autour d’Escamps et de son église. En effet l’église Saint Georges accueillait durant cette période un pèlerinage local de guérison établi dès le VIIIe siècle. Pendant la guerre de Cent Ans de nouvelles fortifications furent établies sur Escamps. Et entre 1407 et 1435, le village a été le théâtre d’une bataille importante entre les Armagnacs et les Bourguignons.

 

L’église Saint-Georges

Le nom de l’église est un vocable très prisé en Bourgogne, au Moyen-Age jusqu’à la Renaissance. Saint Georges veille sur les églises bourguignonnes car il est considéré comme le saint patron des chevaliers et de de la région. L’église Saint Georges appartenait avant le Xe siècle à l’évêché d’Auxerre, puis fut donné avec dix autres églises à l’abbaye Saint-Germain (par l’évêque Héribert d’Auxerre). Jusqu’au XVIIe siècle, la paroisse d’Escamps portait le nom d’Escamps-Saint-Germain, car elle appartenait au réseau d’églises auxerroises possédées par l’abbaye éponyme.

L’église actuelle Saint-Georges date du XIIIe-XIVe siècle et possède de nombreuses traces d’importants travaux de reconstruction au fil des siècles. Après chaque destruction due aux guerres et pillages, comme durant la guerre de Cent Ans, Escamps a dû rebâtir et fortifier son bourg pour dissuader de nouvelles attaques. L’église est inscrite sur la liste des Monuments Historiques dès 1926 en particulier pour son décor peint.

L’édifice est de style gothique et a été fortifié dès le XVe siècle puis restauré lors des siècles suivants. Il est composé d’une grande nef voutée en bois, d’un chœur absidal à chevet plat, flanqué par deux chapelles semi-circulaires. Les poutres de bois présentes dans la nef de l’église, possèdent un décor Renaissance peint, classé en tant que patrimoine historique. Le portail de la façade occidentale de l’église d’Escamps, est surmonté d’une grande baie à lancettes et son clocher placé au-dessus du chœur, est majoritairement du XIVe.

L’état actuel de l’église d’Escamps est assez alarmant et a même provoqué en 2018, une fermeture de l’édifice pour raison de sécurité. Le clocher a été consolidé en urgence en 1996, mais d’autres problèmes de fragilisation de la maçonnerie sont apparus sur la façade occidentale. Les murs de l’église sont fissurés et les voutes de la nef s’affaissent. L’absence de gouttières provoque des écoulements fragilisant les soubassements du bâtiment et des interventions de stabilisation, sont obligatoires pour maintenir l’église d’Escamps debout.

L’association « Redonner vie au patrimoine d’Escamps » a été créée entre autres, pour sauver l’église et organise des événements culturels pour collecter des fonds. Ces fonds permettent de faire rénover l’édifice tout en le faisant revivre et grâce à cela, l’église d’Escamps a pu rouvrir en 2023 suite à des travaux réalisés en urgence après la fermeture de 2018. Un certain nombre de travaux sont encore prévus tel que la réfection du sol, la création d’un accès PMR, ou encore la restauration de l’orgue hydraulique. La fondation du Patrimoine a été contactée par l’association, ainsi que par la commune d’Escamps.

Le château d’Avigneau

Avigneau est aujourd’hui sur les terres de la communes d’Escamps, mais c’était un ancien fief médiéval de nature motte castrale, devenu par la suite une Baronnerie. C’est durant la Révolution française, qu’Avigneau est absorbé par la commune d’Escamps, dès 1806. L’étymologie d’Avigneau a évolué au fil du temps et nous avons traces d’Avignellum ou d’Avigneaul. Ces patronymes auraient une origine directement liée, à la pratique de la plantation de vignes. En effet, dans l’est de l’Europe et en particulier en Bourgogne, la plantation de pieds de vignes était nommée l’Avignement.

Le fief seigneurial d’Avigneau, est mentionné dès le XIIe par les moines de l’Abbaye Saint-Germain d’Auxerre. Les familles seigneuriales occupant les terres d’Avigneau, ont élevé un château qui est toujours situé sur l’ancienne voie Romaine au fond du vallon. Cette propriété a joué un rôle important dans l’Auxerrois, en tant que bastion de défense. C’était aussi une terre d’accueil des rois de France.

Le Château d’Avigneau est une demeure privée d’époque Renaissance, inscrite en partie aux Monuments Historiques depuis Mars 1988. C’est une belle résidence, qui passa en tant que fief entre les mains de plusieurs familles nobles de l’Auxerrois. Le gros de l’ouvrage date de l’époque Renaissance, mais il a été largement restauré aux XVIIe et XVIIIe siècles. François Ier en 1541, puis Louis XIV en 1652, y furent reçus en grandes pompes par les différents seigneurs d’Avigneau.

Niveau architectural le château fort a été bâti dès le IXe siècle sur motte castrale, avec un plan rectangulaire entouré de douves jusqu’au XIXe siècle. De ses quatre tours d’angle, deux subsistent aujourd’hui dont une qui a été convertie en colombier. Le pont qui franchit les douves est toujours présent et est composé de trois arches, qui enjambent le seul fossé encore conservé de nos jours. Les bâtiments d’aujourd’hui, ont été remodelés entre le XVIe et le XVIIIe en particulier en 1782. On pénètre à l’intérieur de l’ancien château fortifié, par un portail en pierre daté de 1733. Sur sept bâtiments originaux, trois subsistent encore dont le corps de logis daté entre le XVe et le XVIIe.

La chapelle Sainte-Reine

La chapelle Sainte-Reine d’Avigneau aujourd’hui sur les terres d’Escamps, fut construite à l’origine pour être un refuge contre la voie Romaine. C’est un petit édifice composé d’une abside semi-circulaire, avec un clocheton carré recouvert de bardeaux. Des plaques commémoratives sur le mur, rappellent le rôle des seigneurs d’Avigneau dans sa conservation (Maurice d’Avigneau fit d’ailleurs, restaurer la chapelle et la rendit au culte en 1952).

Le vocable de la chapelle est lié directement à Sainte Reine, jeune gauloise de Côte d’Or du IIIe, convertie au christianisme. La jeune Sainte fut martyrisée au pied du Mont Auxois, ce qui engendra de nombreux pèlerinage de dévotion dans toute la région. Les Saintes reliques de Sainte Reine, sont gardées dans un sarcophage à Alise-Sainte-Reine en Côte d’Or dans une chapelle dédiée

La chapelle semble avoir été commencée par l’abside vers la fin du XVe et terminée début XVIIe siècle. Le vaisseau simple de la nef, a été construit en deux temps comme le prouvent les reprises à l’extérieur dans les murs. Deux baies au nord et au sud, apportent de la lumière dans la chapelle. La Sauvegarde de l’Art Français, a participé aux travaux de restauration de la couverture et de la charpente, ainsi qu’à la reprise des maçonneries en 2001.