Carte De Cassini 1750 GallicaCarte De Cassini 1750 Gallica
©Carte De Cassini 1750 Gallica
Chevannes

Chevannes

Chevannes, situé aux portes d’Auxerre, offre un bel équilibre entre nature et patrimoine. Avec ses sentiers de randonnée, ses paysages vallonnés et son église Saint-Martin, le village séduit les visiteurs en quête de calme et d’authenticité. Un point de départ idéal pour explorer la campagne auxerroise en douceur.

Si les premières occupations des hameaux de Chevannes datent de l’Antiquité, sans doute dès le 2e siècle, la première mention écrite du village remonte au 12e siècle. L’essor du bourg débute un siècle plus tard : il se structure, s’agrandit et se protège avec des remparts auxquels l’église elle-même semble s’intégrer.

Durant tout le Moyen Âge et même au-delà, la position du bourg est stratégique et très convoitée, notamment par la présence de sources qui alimentent la ville d’Auxerre en eau. Aussi, la vallée de la Baulche est défendue par tout un réseau de châteaux et de maisons fortes. Chevannes compte 4 châteaux : La Motte, La Borde, Fontaine-Madame, Ribourdin et une maison forte.

Durant l’époque moderne, une tuilerie s’implante au sud-ouest de la commune (au lieu-dit « La Tuilerie »). Cette dernière évolue au début du 19e siècle au moment où ses nouveaux propriétaires commencent la production de faïence. La majorité de la production est populaire, vouée à la table, à l’hygiène ou à la décoration. En 1838, son activité s’arrête définitivement. Certaines pièces ont intégré les collections des musées d’art et d’histoire d’Auxerre, perpétuant la mémoire de cette production.

L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul

Dès 1515, les seigneurs de Chevannes imposent aux habitants une taxe de 1/20e de leurs récoltes de grains afin de financer une nouvelle église, l’ancienne étant grandement délabrée. La somme nécessaire est rassemblée en 1525 et les travaux commencent directement, pour s’achever vingt ans plus tard. Cette campagne ininterrompue explique l’intérieur homogène de l’église et atteste de la prospérité de la commune au 16e siècle.

L’édifice mesure 40 m de long, 19 m de large et 14 m de haut sous la voûte de la nef. 4 sculptures de la voussure du portail central représentant la vie de saint Pierre sont également détériorées. Sur le côté nord du clocher est sculptée une salamandre, emblème de François Ier et élément central des armoiries de Chevannes. Ce clocher, surmonté d’un toit comtois, est une singularité de l’Auxerrois puisque cette forme se retrouve davantage en Franche-Comté.

En 1562, les Huguenots, qui avaient pris l’habitude de se retrouver à Chevannes pour des prêches, se voient refuser l’accès au bourg : ils forcent la Porte d’en bas, profanent les reliques et les statues de saints abrités dans l’église et brisent des vitraux. Rare témoin du style gothique flamboyant en Bourgogne, l’église a été classée au titre des monuments historiques en 1911, lui assurant ainsi une protection afin de la conserver, la restaurer et la mettre en valeur. La dernière campagne de restauration de l’église a duré 5 ans, de 2015 à 2019. Durant cette période, le clocher et la toiture ont été restaurés, tout comme plusieurs tableaux et vitraux présents à l’intérieur de l’édifice.

Les châteaux

Chevannes a été longtemps convoitée au cours du Moyen-Âge, de par sa position stratégique près d’une source d’eau alimentant Auxerre. Convoitée donc protégée, la vallée de la Baulche abrite ainsi plusieurs châteaux. Le premier château de Chevannes n’est plus du tout visible. Il s’agirait d’une ancienne motte située à proximité du village, la Motte Barbotière. Elle comprenait un donjon carré entouré d’un large fossé. Cette structure était très certainement l’habitat fortifié primitif des seigneurs de Chevannes qui s’est ensuite greffée au village. Il existe encore des vestiges de cette époque médiévale et de la Renaissance. Aujourd’hui, tous ces châteaux sont des domaines privés.

Les premiers châteaux, La Motte et La Borde

Le château de la Motte est davantage un manoir, dont les premières mentions datent du 16e siècle. De dimensions modestes (15 x 9 m), il n’a pas été fortifié, que ce soit par une enceinte ou un fossé. Il devait néanmoins protéger l’accès au village par le sud. Le corps de logis de deux étages est flanqué d’une tourelle coiffée d’une poivrière (toit en forme conique). Au sommet, une bretèche protège la porte d’entrée de style gothique flamboyant, au-dessus de laquelle on retrouve les armoiries martelées des seigneurs de la Motte. Deux meurtrières s’ajoutent au système de protection.

Le château de La Borde a lui complètement disparu, mis à part son colombier. Mentionné dès le 13e siècle, il appartenait au 16e siècle au capitaine de La Borde, chef des Huguenots de Chevannes lors des Guerres de Religion. Puissant et obstiné, il s’empara d’Auxerre en septembre 1567 et gouverna la ville pendant presque un an, commettant au passage de nombreuses exactions.

Maison forte et château de Fontaine-Madame

La maison forte de Baulche se situe au fond de la vallée où coule le ruisseau du même nom. La plaine alentour est régulièrement inondée. Ces terrains marécageux sont sans doute mis en valeur dès le 13e siècle, date de la construction de cette maison forte. Celle-ci s’organise en un ensemble de bâtiment liés entre eux, à l’intérieur duquel se trouve une cour. Certains éléments architecturaux laissent penser qu’un pont-levis pouvait se trouver devant l’entrée de la maison. Le château de Fontaine-Madame se situe à proximité de la maison forte. Il s’élève sur une plate-forme fossoyée de 50 x 50 m, avec des douves larges de plus de dix mètres, alimentées par une source. Sa première mention date du 16e siècle. Le porche fortifié disposait d’un pont-levis. L’ensemble de l’édifice a subi deux vagues de remaniement à la fin du 16e et au 18e siècle. Une imposante allée cavalière relie le château au bourg de Chevannes.

Le château de Ribourdin

Ce château surveille la route qui va de Vallan à Chevannes. Construit au début du 16e  siècle – son premier seigneur connu remonte à 1517 – il était entouré d’un fossé d’environ 10 m de large. Le corps de logis est flanqué de deux tours. Les deux corps de bâtiments devaient être reliés entre eux par une muraille. Outre l’habitat fortifié, le château avait également une vraie fonction économique avec de l’élevage et la production de vin et de céréales. Son colombier (ou pigeonnier) comporte 2800 boulins (trou qui servait de nid à un pigeon), ce qui en fait l’un des plus importants de Bourgogne.

Quelques anecdotes supplémentaires

La tuilerie

Tout près du hameau de Serein, au sur de Chevannes, un lieu-dit porte le nom de “la tuilerie” en référence à une ancienne tuilerie qui se situait là. Créée dès la fin du XVIe siècle, la tuilerie abritait deux fourneaux et un atelier de fabrication, fin prêts à produire les premières tuiles. Cependant, elle eut peine à trouver sa place au cours des siècles, vendue et revendue plusieurs fois jusqu’au XVIIIe siècle. Sans succès, Pierre Berthelot tente de la reconvertir en faïencerie. C’est enfin en 1818 que cette nouvelle activité démarre et grâce à elle, la majorité de la production est destinée à la table, à l’hygiène et à la décoration. Il est ainsi possible de se procurer des vases, des soupières et des pichets, des carreaux de pavement ou encore des plats à barbe. C’est en 1838 que l’activité de la faïencerie de Chevannes s’arrête définitivement. Malgré tout, il est possible de venir voir des vestiges de ce passé florissant au musée d’Art et d’Histoire d’Auxerre, à l’intérieur de l’abbaye Saint-Germain.

Le chemin de fer

Placée sur la ligne Auxerre-Gien, reliant l’Yonne au Loiret, qui plus est à une ville elle-même réputée pour sa faïencerie, elle permettait de transporter marchandises et voyageurs. La ligne était alors gérée par la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (FLM) Le premier tronçon, de Gien à Toucy est ouvert en avril 1884. Suivra le deuxième tronçon en 1885 afin de finir de relier la ligne jusqu’à Auxerre. Les voyageurs cessent complètement d’utiliser cette ligne en 1938 après des années de retards de trains. Ce sera le cas pour les marchandises un peu plus tard, après la fermeture de la gare en 1952.