Reinterpretation Dune Partie De La Procession Par Anastasia Maymou RotatedReinterpretation Dune Partie De La Procession Par Anastasia Maymou Rotated
©Reinterpretation Dune Partie De La Procession à Branches Par Anastasia Maymou Rotated
Branches

Branches

Branches, commune tranquille aux portes d’Auxerre, se distingue par son église Saint-Loup du XIIIe siècle, témoin d’un riche passé religieux. À proximité, l’aéroport Auxerre-Branches renforce sa position stratégique, reliant le territoire à d’autres régions. Un village où patrimoine et accessibilité se rencontrent.

Branches est mentionnée pour la première fois dans les Gestes des évêques d’Auxerre en 621. Bringa est un territoire donné par l’évêque d’Auxerre, Didier (604-623), à l’abbaye Saint-Germain. Commune paisible entourée de forêt, elle abrite plusieurs bâtiments emblématiques.

Comme beaucoup de villages ruraux de l’Yonne, Branches était convoité pour ses terres fertiles portant des vignes prospères, des champs céréaliers et des forêts abondantes en chênes. Les différents ordres monastiques de la région au Moyen Age, ont régné sur ce petit village anciennement viticole. On trouve traces au VIIe, du don des terres de Branches par l’évêché d’Auxerre à l’abbaye Saint-Germain. Il est noté que Bringa appartenait au diocèse de Sens et que les dépendances, les vignes et les bois appartiennent désormais à l’Abbaye d’Auxerre.

Durant le XIIe vers 1144, les terres boisées de Branches tombent dans le giron Clunisien du prieuré Nivernais de la Charité sur Loire. La valeur sylvicole de ce territoire attire les convoitises et au XIIIe, l’évêque d’Auxerre Guillaume de Seignelay récupère à son tour Branches. Les produits de la terre travaillée par les paysans, servaient entre autres à nourrir les moines ou chanoines de l’église à qui ils appartenaient. Des impôts en nature et en monnaie étaient également reversés au seigneur des terres. En échange le seigneur et les congrégations religieuses devaient assurer aux habitants du fief : la sécurité, l’abondance de nourriture et d’eau, plus l’élévation spirituelle pour les religieux.

De nos jours, Branches est toujours une commune rurale entourée de champs et de bois, mais n’est plus classée comme village viticole. Les terres arables agricoles dominent et les forêts moins touffues entourent toujours le village. Branches détient aussi une zone Natura 2000 qui vise à préserver des espèces protégées et à conserver des milieux tout en tenant compte des activités humaines.

L’église Saint-Martin

L’Église Saint-Martin de Branches figure parmi les plus anciennes églises préromanes de l’Auxerrois. Les terres de ce village passent d’une autorité seigneuriale à une autre et les congrégations religieuses se succèdent. En 1220 Guillaume de Seignelay évêque d’Auxerre en 1220, établit à Branches un prieuré rattaché à l’abbaye du Grand-Saint-Bernard de Montjoux. Le prieuré est resté en activité jusqu’à la Révolution.

Niveau architecture, l’église Saint-Martin remonterait aux XIe et XIIe. Le plan de l’édifice actuel est très classique pour la région et est constitué d’une nef unique, terminée par un chevet plat. La nef actuelle a été construite au XVe siècle, avec des remaniements réguliers durant toute la Renaissance. Au XVIIIe le clocher de l’église est reconstruit et l’église de nouveau remaniée.

Les décors de l’église de Branches

Saint Martin est connu comme l’Apôtre des Gaules, ancien soldat romain. Martin a été enrôlé de force dans l’armée à l’âge de 20 ans et est en garnison à Amiens en 357. Il est connu pour avoir donné la moitié de son manteau à un pauvre en plein hiver. Jésus le remerciera dans un rêve, en lui annonçant qu’il a sauvé l’homme. Devenu moine, il finit sa vie en tant qu’évêque de Tours. Une statue du XIVe siècle à son effigie est placée dans l’autel de l’église de Branches. Très populaire dans l’Yonne, ce vocable est assez répandu dans le églises et chapelles de l’Auxerrois, comme la collégiale de Chablis, qui reçu les reliques du saint durant l’époque Carolingienne.

Ce qui rend l’église de Branches exceptionnelle et la classe parmi les églises les plus précieuses de France, ce sont ses fresques murales médiévales. En effet, la chute d’un badigeon sur les murs en 1939 va révéler une première peinture murale. L’ensemble est classé aux Monuments Historiques en 1973. Des sondages plus approfondis vont être réalisés dès 1985 et révéler un programme iconographique complet et datant de la fin du Moyen âge. L’église se révèle avoir été entièrement peinte, mais malheureusement seules quelques peintures isolées subsistent aujourd’hui. La datation des peintures tourne autour du XIIIe, XIVe et XVIe siècles. En 2005, une vaste campagne de restauration des peintures démarre et quatre grands programmes décoratifs sont mis à jour, parfois superposés en couches les uns sur les autres.

 

La fresque de la Procession

Cette fresque remarquable fait 9m50 de long. La fresque représente 32 personnages laïcs vêtus de tuniques ocre, jaune et rouge, avançant en procession. Les personnages tiennent des cierges allumés entre leurs mains jointes. La scène pourrait illustrer une célébration en l’honneur de Saint-Martin qui est le patron de l’église. Le décor est orné d’étoiles et de fleurettes. Ces détails ajoutent une dimension céleste et symbolique à l’ensemble. Un personnage barbu est en tête de la procession et fait face à un cavalier en armure, qui tient une épée posée sur son épaule droite. Il s’agit peut-être de Saint Martin, qui est honoré par les habitants en procession. Cet épisode figure parmi les quatre rares représentations de laïcs en peinture murale dans les églises de Bourgogne, aux côtés de celles d’Alluy (Nièvre), Moutiers-en-Puisaye et Saints (Puisaye).

Un panneau peint du XVIe siècle montre Saint-Hubert au-dessus Banc d’Œuvre, côté Sud de l’église.  Le personnage est agenouillé en prière devant un cerf, placé sur la partie gauche du décor. Saint-Hubert est vêtu de noir et nimbé, son visage très précis, pourrait correspondre à celui du donateur. Il y a deux personnages avec un écu avec des armoiries sur la partie droite du panneau.

Les décors sont divisés en trois registres sur le mur Nord. Le panneau supérieur forme un bandeau en frise historiée. Le deuxième panneau au centre est fragmenté et le panneau central montre plusieurs détails. Il y a un monument avec deux personnages royaux couronnés, qui font face à un Saint à cheval. Il y a aussi une bataille entre cavaliers, avec un homme à la tête transpercée par une épée. Un médaillon est présent dans le registre inférieur, illustrant deux croix orientées vers l’Est et portées par deux apôtres. L’un des apôtres celui à l’épée posée sur l’épaule droite, est Saint Barthelemy.

Il y a également, une peinture à l’entrée du chœur, qui montre un chevalier en armure coiffé d’un heaume la fin du XIIIe siècle. Ce personnage tient un écu d’argent orné d’une croix rouge, peut-être la croix de Saint-Georges. Le cheval sur la peinture porte aussi le caparaçon de Saint-Georges.

 

La pierre dite de Saint-Martin

La pierre Saint-Martin est située au milieu des bruyères en face de l’aérodrome d’Auxerre-Branches. C’est un marqueur spatial entre les territoires des communes d’Appoigny, Perrigny, Charbuy et Branches. Ce monolithe est un imposant bloc de pierre en grès ferrugineux, émergeant du sol, nommé « Pierre de Saint-Martin ».

La pierre marquant la jonction de quatre communes au lieu-dit des Bries, fut façonnée sans aucun doute par la main de l’homme. Le nom du monolithe semble directement lié au saint Gallo-Romain Martin, l’ancien soldat Romain qui devint missionnaire pèlerin, pour consacrer sa vie à la propagation du christianisme. Les lieux marqués par le passage de Saint-Martin sont baptisés souvent en son nom. Cette pierre symbolise peut-être un lieu où Saint-Martin serait passé, mais est probablement plus un vestige celte beaucoup plus ancien et associé aux druides et au paganisme. Les spécialistes en culture celtes pensent qu’elle n’est pas à son emplacement d’origine et faisait peut être partie d’un ensemble plus grand style alignement (comme Carnac) ou assemblement (Stonehenge).

Les origines et l’usage de cette pierre restent encore mystérieux, même si l’hypothèse la plus probable, est qu’elle a été surement liée à des pratiques rituelles associées aux mégalithes et probablement pas à son emplacement d’origine. Les mégalithes sont des monuments de pierre brute, façonnée par les Celtes vers 4500 avant l’ère Chrétienne.