Appoigny Carte Appoigny 1750
©Carte de Cassini
Appoigny

Appoigny

Située aux portes d’Auxerre, Appoigny est une commune de caractère qui mêle patrimoine religieux exceptionnel, héritage gallo-romain et art de vivre à la bourguignonne. Traversée par l’Yonne et nichée dans un cadre verdoyant, elle séduit autant les amateurs d’histoire que les curieux en quête d’authenticité. Son joyau incontesté ? La collégiale Saint-Pierre, véritable trésor gothique classé monument historique.

La collégiale Saint-Pierre: un trésor d’histoire et d’architecture gothique

La collégiale Saint-Pierre telle qu’elle existe aujourd’hui fut élevée au début du 13e siècle, par la volonté de l’évêque Guillaume de Seignelay, grand maitre d’ouvrage de la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre dans sa version Gothique, et dont le chantier fut entamé vers 1215. C’est pour cette raison que beaucoup considèrent, dans la mesure où les deux chantiers étaient contemporains, que les bâtisseurs de la cathédrale d’Auxerre furent appelés à travailler à l’élévation de la collégiale d’Appoigny. D’où un certain nombre de similitudes architecturales entre les deux édifices. Plus particulièrement le beffroi à plan carré qui fut achevé sur les deux chantiers au cours du 16e siècle ; ou bien encore l’ensemble de la plastique murale des arcatures des deux églises, dont on voit qu’elles « sortent du ciseau » des mêmes tailleurs de pierre.

Les curiosités de la Collégiale

Parmi les curiosités qu’il est possible d’observer dans la collégiale Saint-Pierre, se trouvent de chaque côté du choeur deux portes munies de judas et donnant sur deux cellules si exiguës qu’un homme peine à s’y tenir debout. Il s’agirait là de cellules destinées à enfermer les pénitents, d’après certains ; ou de « reclusoirs » destinés à enfermer les mystiques, d’après d’autres. Dans le choeur également, la présence d’un bâton de cérémonie dédié à Saint-Vincent, le saint patron des vignerons. L’ensemble de la quatrième travée est occupée par un jubé monumental de style Renaissance. Celui-ci est construit au début du 17e siècle, sous l’épiscopat de François de Donadieu. Il est composé de trois arcades aux pilastres délicatement sculptés, surmontées d’une tribune présentant trois scènes des Évangiles : « La délivrance de Saint-Pierre » (à gauche), « La crucifixion et la mise au tombeau » (au centre) et « l’Annonciation » (à droite). Ce jubé est l’un des rares exemples encore présents dans le département de l’Yonne, au même titre que celui de l’église de Saint-Florentin datant de la même époque.
Les pignons des façades extérieures sont décorés de sculptures étonnantes. Au sommet d’un contrefort, un petit singe, ou bien encore deux chiens endormis. Dans la représentation symbolique des Compagnons du Devoir, le singe représente le maitre d’oeuvre (chef de
chantier), et le chien représente un compagnon (ouvrier du chantier). D’autres sculptures interpellent, comme les visages enfeuillés, représentant les compagnons charpentiers (le fait que leurs visages soient recouverts de feuilles signifie qu’ils travaillent le bois).

Le château de Régennes

Le château de Régennes est un lieu de résidence régulier des évêques d’Auxerre jusqu’à la Révolution (non loin d’une autre résidence très appréciée des évêques jusqu’à sa destruction au 14e siècle : le château de Beaurepaire situé à Charbuy). Cette maison épiscopale positionnée au bord de l’Yonne sera fortifiée et modifiée tout au long du Moyen-Âge, faisant face à de nombreuses menaces d’invasions, dont celle des anglais au cours de la guerre de Cent Ans. D’illustres personnages vont y séjourner, notamment Saint Louis et sa mère Blanche de Castille, à l’occasion de la translation des reliques de Saint Edme de Canterbury à l’abbaye de Pontigny en 1247 (le roi se rendra au total trois fois à Régennes au cours de son règne). L’actuel château de Régennes date du 20e siècle et abrite une clinique depuis 1976.

La pierre dite de Saint-Martin

Ce mégalithe, c’est-à-dire une grande pierre, dite de « Saint-Martin », se situe à la jonction précise des communes d’Appoigny, de Branches, de Charbuy et de Perrigny. Il s’agit d’un élément assez ancien, dont l’origine et la fonction restent encore entourées de mystère.

Certaines histoires locales l’associent à des pratiques liées au culte des morts. D’autres rapportent que ce serait un lieu où saint Martin aurait pu passer, bénir ou être en lien avec la communauté chrétienne locale.

Marqueur des frontières entre les communes ou lieu de pratiques religieuses, la Pierre Saint-Martin voit aujourd’hui de nombreux promeneurs défiler devant elle.

Pour aller plus loin

Amis de la collégiale d’Appoigny. Les cahiers de la collégiale. « Châteaux » (n°13). 2020.
Arnaud, Chantal. Les églises de l’ancien diocèse d’Auxerre du milieu du 11e siècle au début du 13e siècle :étude historique et monumentale. Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne. 2009.
Boiré, Sophie. L’auxerrois : aller à l’essentiel. Les éditions du Palais. 2019.
Office de Tourisme de l’Auxerrois. En flânant dans l’auxerrois. 2024.
Petit, Victor. Auxerre : les environs (volumes 1 et 2). Le livre d’histoire-Lorisse. 1989.
Sot, Michel (dir). Les gestes des évêques d’Auxerre (vol. I-III). Les belles lettres. 2002-2009.